Revue de presse

« L’écume des mères » est une expérience cinématographique. Il faut aimer se perdre un peu pour accepter de se laisser entraîner par la réalisatrice au coeur de ses récits de vie, et assister à la résurgence de la mémoire de ces femmes. Ces réminiscences sont rendues possibles grâce à une mise en scène qui permet au réel et à l’imaginaire de s’entremêler et de se nourrir. Les limites entre fiction et documentaire sont brouillées, le cinéma est à l’oeuvre.
Jeanne Dubost, Périphérie, avril 2009

Mais la spécificité de ce film est bien autre chose que des histoires banales de mères et de filles et cela pour diverses raisons : le choix des femmes qui se sont investies dans l’aventure, elles sont d’origine et de culture diverses, de milieux sociaux variés. La construction même du film, qui est à la fois un documentaire et une fiction, imprime une certaine magie sur l’écran et tout particulièrement lorsque l’héroïne en prise avec l’actrice (qui joue le rôle de sa mère) redevient la petite fille qu’elle était face à sa mère. Et même si durant le tournage tout était cadré pour éviter les transferts de personnalité, il n’empêche que transparaît un certain trouble qui donne force à chacune des histoires et où chaque spectatrice peut se retrouver.
Une autre des caractéristiques du film est qu’il est deux : celui réservé à la diffusion nationale (…) et le second : un outil pédagogique qui reprend chaque histoire, six en tout, que l’on pourra visionner indiféremment des autres et servira de support à un débat spécifique.
Judith Martin-Razi, La Marseillaise, mars 2009

Séverine Mathieu, par sa mise en scène qui fait appel à une large palette des outils narratifs du cinéma, accompagne et soutient ce travail de mémoire tantôt drôle, parfois douloureux. Elle offre à ces femmes un cadre qui leur permet de déployer leurs personnages. Le film oscille en permanence entre documentaire et fiction, imaginaire plutôt. Il travaille comme notre mémoire, mêlant instants vécus et souvenirs rêvés. Entretiens, dialogues, reconstitution, interprétation sont utilisés par la réalisatrice et ses personnages pour nous emmener au plus près de l’émotion du moment vécu ou revécu.
Dès les premières images, par ses choix de cadres, de lumière, de mouvements de caméra Séverine Mathieu nous fait signe, nous met en garde sur les apparences. Nous ne regardons peut-être pas le film que nous croyons voir. Ce trouble, installé dès les premières séquences, est là sous-jacent tout au long du film, car la réalisatrice sert le réel en se jouant de la vraisemblance. Petit à petit par touches et glissements progressifs, grâce à l’entremêlement des histoires de ces femmes et aux échos qu’elles se renvoient, le propos général du film se dévoile. Une dramaturgie se met en place dont le cœur pourrait être la question personne/personnage (…). Plus largement c’est celle du jeu qui est à l’œuvre. Du jeu comme possible vecteur pour tenter de toucher « la vérité ». (…) Le spectateur doit l’accepter, se l’approprier au risque d’être, peut-être, pris à contre-pied.  Séverine Mathieu croit en lui, en sa capacité à démêler « le vrai du faux ». Elle offre sans cesse au spectateur les clés qui lui rappellent que le film n’est pas une fiction, même s’il en utilise certains codes et que les personnages restent des personnes actrices de leur propre vie.
Michèle Soulignac, le Méliès, avril 2009