ateliers / Séverine Mathieu et Régis Sauder

…  au Centre Hospitalier Edouard Toulouse

 

atelierseverine1

Au fil des 4 années d’ateliers, huit fictions ont été écrites par les participants, puisant certains éléments du scénario dans leur propre vie afin de créer des personnages.  

Le but est d’accéder à un scénario commun tout en laissant vivre, autant que possible, la logique propre aux participants.

Nous tournons en décors réels et effectuons le montage dans le groupe.

Lors des tournages, la question est celle de l’espace. Comment se saisir d’un décor réel ? Où mettre la caméra ?
Les participants n’apprennent pas leur texte. Ils tournent dans un état d’improvisation, nourrie et balisée par les répétitions préalables effectuées au pavillon ou à l’hôpital de jour. Dans  ce travail de répétition, plusieurs participants jouent tour à tour le même rôle. Au tournage, celui qui joue le personnage est donc chargé de ceux que les autres lui ont apportés. La captation du tournage possède la fugacité et l’inventivité de l’instant.

Ce sont les participants qui tiennent la caméra, donnant à la qualité de l’image une fragilité toute particulière.

 

 

atelierseverine3

Paroles des soignants :

« Il s’agit d’un atelier permettant aux patients de s’intégrer dans un groupe, d’être écouté et d’écouter les autres, d’exprimer  des affects, des émotions, de se redynamiser, d’accepter le regard de l’autre. A partir d’images et de textes épars, il leur permet de reconstituer un tout, une histoire qui prenne sens. Dans la psychose, le rapport entre réel et imaginaire et le processus de symbolisation sont mis a mal. Le sujet n’est plus sujet, il vit dans une étrangeté vis-à-vis de lui-même. L’atelier permet de créer  au sein du groupe des liens de soutien et de solidarité devant les difficultés à jouer, a dire le texte, à se mouvoir face à la caméra. Ces liens ont peu a peu débordé le cadre de l’activité pour s’exprimer au quotidien en dehors de la structure. Le montage est la partie la plus technique de l’opération, les patients restent cependant très attentifs et très présents. Ils s’expriment sur le choix des prises et assistent à la naissance du film, au rassemblement des voix, des images, à l’émergence des affects. Ils commentent en groupe leur présence à l’écran. L’histoire prend sens, se structure de façon cohérente aidant en cela à la restructuration de l’histoire propre et de la personnalité des patients. Ces films témoignent de la grande liberté d’expression offerte aux participants.« 

L’équipe soignante du Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel Lou Blaï

 

atelierseverine2

 

Films :

« L’échappée belle » – 2007 – 22 min

Ce film suit le fil rouge des souvenirs des uns et des autres à travers une ballade dans Marseille guidée par un homme en noir qui les invite à un futur possible.

« Trafic de liberté » – 2007 – 15 min

Seul chez lui, René reçoit la visite du Shibani, le vieux monsieur maghrébin, qui vend des tapis dans la cité. Comme René est pauvre, il parvient à négocier le tapis contre une place pour un match de foot au stade Vélodrome de Marseille. Le Shibani revend la place à un petit trafiquant qui sévit parmi la foule devant le stade, pour envoyer au bled de quoi faire vivre ses 6 enfants. C’est à ce moment que la police débarque et coffre le trafiquant qui s’avère être un clandestin. Reconduit au Port Autonome pour être renvoyé dans son pays, de l’autre côté de la Méditerranée, le trafiquant s’enfuit, courre le long du quai, tombe sur un vieil ami, et parvient à échapper à la police.

« Le chemin de Lou » – 2008 – 23 min

Deux chasseurs à la recherchent du Lou(p) se perdent et se retrouvent. Ils sont confrontés aux forces d’une forêt magique et à des rencontres extraordinaires qui vont les amener sur un chemin initiatique.

« Tatoo perdu » – 2008 – 20 min

Dans la salle de jeux du Casino de Bandol, autour de la table de la roulette, une bagarre éclate entre deux « potes de cité » venus « flamber », une princesse aux pieds nus, habituée des lieux, et un croupier qui voudrait bien aller au bout de la partie.

« Métamorphose » – 2009 – 27 min

Des patients en psychiatrie (Unité temps plein et Hôpital de jour) puisent dans leurs souvenirs personnels pour inventer ensemble une histoire. De ruptures en accidents, d’élans en délires, le film peut être vu comme la tentative de raconter l’entrée en psychiatrie.

« A bas la criiise!!! » –  2009 – 42 min

La crise vue à travers un journal TV parodique qui aborde différents sujets : le commerce, la justice, l’école, la psychiatrie, le sport, le monde et un petit village qui résiste. Ou comment enfin rire de la crise !

Mention spéciale du Jury « Originalité » au Festival Cine-Video-Psy de Lorquin 2009

« Accord perdu » – 2010 – 25 min

Maria coud de beaux vêtements. Petit à petit sa couture se dégrade, épousant les variations de l’état psychologique de son mari Antoine. Celui-ci est d’abord licencié, puis ruiné par les fluctuations boursières qu’il a crues salvatrices mais qui s’avèrent catastrophiques. Antoine ne peut que fuir provoquant alors l’attente inexorable puis l’hospitalisation de Maria.

« Ca c’est la vie » – 2010 – 38 min

Ce film est une comédie musicale. Des anciens élèves se retrouvent des années plus tard. Que sont-ils devenus ? Quelle est l’histoire de chacun ?