Introduction

Activité et recherches développées depuis 2006

 

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D’avoir un jour passé la grille du Centre Hospitalier Edouard Toulouse pour aller taper à la porte du théâtre Astronef situé dans son enceinte, Séverine a initié une activité d’ateliers cinéma en psychiatrie qui dure depuis maintenant 15 ans.

La 1ère année fut un échec, elle attendait des patients et des soignants qui ne venaient pas. L’année suivante a fait aboutir la rencontre entre elle, un infirmier et une éducatrice qui avaient le goût de la nouveauté.

Quatre années de collaboration se sont ainsi ouvertes. L’hôpital psychiatrique, terre d’asile nécessaire, dédiée au retranchement, à l’isolement, attirait Séverine comme d’autres espaces fermés dans lesquels la responsabilité du cinéaste est d’aller voir. Ainsi démarrée, l’aventure relève de la création partagée.

C’est d’abord une démarche empirique. Elle fait vibrer la frontière entre l’art et le soin et ne cesse d’interroger l’équipe de l’association tant dans sa dimension artistique que sociale et soignante.

Nous cherchons à faire circuler l’inspiration dans un cercle vertueux. Des œuvres émergent, dues à la rencontre excitante et souvent nouvelle entre le medium cinéma, l’objet caméra, des artistes, des amateurs en quête d’expression, et, loin dans le paysage, la maladie.

Cette expérience pousse l’art dans ses retranchements car pour partager avec des amateurs-rices un geste commun, pour transmettre quelque chose du cinéma, nous réalisateurs-rices allons chercher les fondamentaux de la création, ce que nous avons intégré mais oublié. Nous revenons à la base du besoin d’expression, remettons à plat le langage du cinéma pour nous laisser surprendre par la façon dont des amateurs peuvent l’utiliser, jouer avec, de manière impérieuse, immédiate, simple.

La pratique du cinéma nous soigne-t-elle ?

Du soin est à l’œuvre mais ce n’est jamais notre objet. C’est une conséquence que diffusent la recherche de l’expression, de la justesse, et la constitution du groupe, cette matrice qui favorise la création.

Que l’art fasse du bien, c’est certain : à ceux qui le pratiquent comme aux spectateurs. L’expérience artistique soigne. La recherche de la vérité aussi.

L’exigence d’une forme soigne, non pas pour et par elle-même, mais parce qu’elle fait participer chacun plus puissamment,  plus intimement,  plus finement au processus.

La relation soigne : du transfert est activé entre filmeur et filmé. De la contention aussi dans cet espace de jeu qui s’ouvre entre « moteur » et « coupé ». Se voir soi-même, se regarder, être regardé par les autres membres du groupe soigne enfin. Sans faire partie du soin, nous le complétons.

Notre place se définit à l’extérieur de l’institution mais dans un maillage social qui nous prend en compte. Aujourd’hui, de nombreux hôpitaux publics nous sollicitent, des institutions nous financent, des équipes soignantes nous ouvrent des espaces de jeu.

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De 2007 à 2010, deux ateliers se sont déroulés en parallèle, l’un guidé par Régis Sauder, l’autre par Séverine Mathieu. De 2011 à 2015, cette recherche de création s’est poursuivie avec deux autres hôpitaux de l’APHM : le Pôle psychiatrie centre et Sainte Marguerite, dans un nouveau projet nommé « Les Rêveurs » en co-réalisation avec Emmanuel Vigier, puis un 2ème projet intitulé « Suko ». En 2019, nous avons recommencé à l’Astronef une nouvelle série d’ateliers, mais cette fois la main a été passée et ce sont de jeunes réalisatrices, Aurore Plaussu, Juliette Ancé et Elina Chared, qui les guident.

 

La Parole des soignants :

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« Dans le secteur hospitalier, en particulier psychiatrique, la culture est reconnue comme vecteur de lien social et de réinsertion ; les ateliers de pratique artistique font partie de la démarche de soin.

Les thérapies médiatisées peuvent être définies comme des dispositifs thérapeutiques utilisant une pratique artistique dont l’écriture et la vidéo, facilitant les processus psychiques spécifiques mobilisés par la situation ainsi créée : créativité, expression, élaboration de situations douloureuse ou conflictuelles…

La démarche artistique, et en particulier celle de la fiction, est susceptible de produire un état de liberté dont se servira et se nourrira la démarche thérapeutique. »

Toutefois, cet aspect thérapeutique n’intervient pas directement dans le cadre de l’atelier.

Visées socio-thérapeutiques :

  • Réagir à 2 symptômes de la psychose : l’isolement et l’absence de désir. Envisager le patient dans sa globalité, l’aider à se renarcissiser, travailler l’image de soi et l’inscription dans un projet à long terme
  • Créer un espace de plaisir et de découverte permettant aux patients et aux soignants d’envisager le soin hors d’une logique purement médicale et dans une démarche créative : inventer du soin.
  • Favoriser l’accès du patients à une autre identité que celle de malade : celle d’acteur du film.
  • Favoriser le réentraînement aux habilités sociales, enclencher une dynamique de groupe et de resocialisation
  • Modifier les représentations que soignants et soignés ont les uns des autres. Rompre provisoirement la répartition des places en cherchant l’égalité devant la création