OÙ EST MA MAISON ?

Après la réalisation de Hors-saisons de 2018 à 2021, la collaboration entre le CHI de Fréjus – Saint-Raphaël et Dis-FORMES se poursuit. Un nouvel atelier a commencé fin 2022 avec des participant.e.s (ancien.ne.s et nouveaux.elles) du CHI Fréjus Saint-Raphaël, avec les réalisatrices Séverine Mathieu et Charlotte Bosson. La réalisatrice Fatima Bianchi a rejoint l’équipe début 2024.

L’idée est de continuer à travailler sur la notion d’habiter.

Habiter un lieu c’est avoir une histoire avec lui, y vivre des émotions ou des évènements particuliers qui constituent un de nos nombreux récits, aussi bref soit-il. Habiter un endroit c’est être en interaction avec lui, s’y déplacer, le transformer, le regarder, l’aimer ou pas, y vivre une scène particulière. L’expérience d’habiter implique notre corps : comment notre corporalité s’y exprime-t-elle ? comment le rythme de nos gestes s’y déploie-t-il comment nos sens nous mettent-ils en relation avec lui ? Cela peut passer par un détail, un objet, une caresse sur un matériau, un point de vue. Habiter appelle à la fois un espace mais aussi une durée. C’est en passant du temps à un endroit, en y vivant une période de son histoire personnelle, que l’on parvient vraiment à habiter quelque part.

L’histoire du cinéma est remplie de scènes qui mettent en relation forte un espace et un corps. Parfois même l’espace devient presque un personnage. Tout un jeu de sensations peut s’établir entre un personnage et un décor et alors telle scène ne pourrait pas avoir lieu ailleurs. Lorsque l’on est éloigné d’un endroit que l’on a habité, on l’aborde alors par le fantasme et par la mémoire. On le reconstruit. Peut-être cet espace nous manque t il ? peut-être a-t-on plaisir à y repenser ? peut-être, justement parce qu’on en est privé, arrive-t-on mieux à le cerner, à l’habiter… mentalement, à se cerner soi-même dedans ?

Avec les participant.e.s de l’unité temps plein, les réalisatrices souhaitent repartir de la même question que celle de Hors-Saisons : « où te sens-tu chez toi ? où arrives-tu à t’ancrer ? quel endroit clé de ton environnement parviens-tu à habiter ? Pour y faire quoi ? » reconstituer la vraie vie dans le temps plein. Le temps plein peut il être un lieu où on vit, un lieu de vie, un lieu qu’on habite ?

Cette double question ouvre alors deux chemins de création :
• Chaque participant.e choisit un endroit appartenant à son quotidien, à l’extérieur de l’hôpital, dans l’espace public, un endroit qui lui est familier et auquel il/elle pense depuis l’hôpital. Il ou elle
raconte aux réalisatrices une scène qui exprime sa façon singulière d’habiter cet endroit, à la fois sa façon réelle et imaginaire.
Les réalisatrices vont ensuite filmer ce lieu vide puis montrent ces images au ou à la participant.e qui les regarde et les commente depuis l’hôpital. Une fois sorti.e, le ou la participant.e et les réalisatrices retournent dans ce lieu, mettant ensemble en scène la situation pensée et écrite depuis l’hôpital.
• En parallèle, chaque participant.e isole un lieu dans l’hôpital ou dans son pourtour immédiat, un lieu qui lui fait du bien. Accompagné.e par un.e soignant.e ou par une des réalisatrices, ce ou cette participant.e se filme en action dans ce lieu.
Le film global reliera l’hôpital à la ville et travaillera la transition entre l’ancrage réel et l’imaginaire.

Sept participant.es ont déjà rejoint l’atelier et commencé leur tournage. L’atelier se poursuivra jusqu’à début 2025.

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